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My externat upon the time!
8 janvier 2013

Cas cliniques

  Il fallait que je vous en parle de ces cas cliniques. Je les mentionne souvent, mais consacrons leur un article entier.

  Les cas cliniques c'est un peu l'aboutissement de notre apprentissage théorique, le rempart qui sépare nos livres de nos vrais patients.
  Et puis c'est aussi toute l'horreur de nos études ramassée en quelques lignes noircissant les pages d'un livre, où dans quelques mois pour moi, les pages des sujets de l'ECN.

  Je me souviens très bien de la première fois où je suis tombé sur un cas clinique, j'étais en fin de P2 à l'époque. Je ne sais pas par quel truchement je me suis retrouvé là, mais toujours est-il que j'étais en train de lire un cas clinique de neuro. J'avais alors à peine commencé la neuro et je me souviens de la belle horreur qui m'a pris : je ne comprenais rien. Pire que ça, je me souviens m'être dit "mais c'est impossible de comprendre ce qu'a la patiente et de répondre aux questions, je ne vais jamais y arriver, autant arrêter les frais tout de suite".
  Après avoir gentillement calmé mes ardeurs j'ai calmement détourné mes yeux du cas clinique et mis ce souvenir loin dans ma tête pour n'y revenir qu'en souriant!
  La suite de mon histoire avec les cas cliniques elle se passe en D1, un mois avant le partiel de pôle de neurologie (comme on se retrouve). J'avais à ce moment là bien appris mes cours, je me sentais solide sur mes acquis, le moment opportun pour se lancer dans les cas cliniques et consolider son apprentissage en révisant. C'est là que j'ai découvert la vraie perversité de ces petits énoncés à l'allure parfois simple et qui cachent derrière une phrase d'apparence innocente une montagne de réponse insoupçonnée!
  Ce cas clinique je m'en souviens aussi très bien, c'était une névralgie du trijumeau (douleur insoutenable sur le territoire d'un nerf sensitif de la face). Je commence à répondre, les questions me semblent faciles, je suis content de moi, tout roule! Et puis je tourne la page pour me corriger et compter les points... 36/100, la douche froide!!!!!

  Voyez les cas cliniques on pourrait croire ça simple au début, une pathologie standard, facile, des questions bateaux, pas de quoi casser trois pattes à un canard en somme!
  Bah oui mais c'est pervers je vous ai dit.
  Pourquoi ça? Parce qu'il y a tout ce que l'on oublie et qui coûte des points ; petit florilège, donc, des choses qui paraissent évidentes mais qu'il faut absolument noter :
- le côté, ça semble stupide, mais c'est ultra important.
- préciser toutes les complications et toutes les intrications de chaque symptôme ; bon ça j'avoue on ne se fait avoir que la première fois.
- l'examen bilatéral et comparatif, ça paraît évident que l'on compare les deux yeux, les deux jambes, ... bah ça vaut fréquemment un zéro
- l'endroit où l'on hospitalise le patient
- mentionner que c'est urgent quand c'est le cas
- justifier chaque diagnostic, même brièvement, même quand ce n'est pas demandé (beaucoup disent que c'est une perte de temps, les annales me font dire le contraire!)
- vérifier les vaccinations tétanos, même pour une érosion cutanée de merde que l'on soigne avec un coup d'eau savonneuse à la maison (d'ailleurs sur ce point je trouve l'ECN un peu trop dans le rang des écraseurs de mouches au bazooka)
- faire les relais des traitements, en arrêter d'autres
- marquer que l'on mesure les variables vitales, même si dans la vraie vie elle sont notées sur le bon d'entrée de IAO (infirmière accueil des urgences)
- rassurer les parents en pédiatrie
- toujours éduquer, encore, une fois de plus
- arrêter le tabac, toujours, même chez le papi de 95 ans avec ses métas (dans la vraie vie je suis pour le coup plutôt du genre à dire qu'au point où il en est...)

  Bon je m'arrête là mais vous avez compris, il faut tout dire, tout écrire, ne rien oublier.
  Et s'il faut à ce point ratisser large, c'est parce que l'ECN est noté en mots clef. Le mot clef c'est l'invention la plus terrible de toute (bon j'exagère, la bombe atomique à partir d'une découverte fabuleuse, ça c'est de la vraie et terrible connerie)!!! Si t'as mis un synonyme, mais pas le mot clef exacte, suivant la personne qui corrige tu peux te retrouver avec une note plus que catastrophique (souvenir de conf de cardio de la fac où la fille qui me corrigeait était psychorigide et m'enlevait les points pour par exemple "monitorage cardiaque en continu" alors que j'avais écrit "scope cardio-tensionnel")!!! Et puis tu ne sais jamais ce qui va être quotté. L'exemple typique c'est la surveillance, si tu notes que tu surveilles la fréquence cardiaque et la tension artérielle à la recherche d'un choc ça veut bien dire ce que ça veut dire, on est d'accord (enfin entre carabins on se comprend) ; et bien quand il est quotté dans la correction surveillance pour recherche d'une tachycardie et d'une hypotension, ça fait pas de point!!! Pourtant tu recherches la même chose... Je vous laisse imaginer la tronche que doivent avoir les réponses pour n'oublier aucun mot-clef (petit clin d'oeil à mes sous-colleuses pour cet item bien particulier)!!!

  Alors du coup, parce qu'on avait pris l'habitude de rédiger des tartines monstrueuses pour brasser large et avoir un max de points (ce qui permettait aussi d'en ramasser quand t'y connaissais rien, suffisait de tartiner et quelques points finissaient par tomber avec un peu de chance), ils vont changer les modalités de l'ECN, mais en attendant ils sont passés aux questions fermées.
  Les questions fermées c'est du genre "quels sont les 3...", "quel est le...". Et là pas question de dépasser le nombre requis ou c'est zéro à la question. Du coup des fois c'est pic-nique-douille (aucune idée de comment ça peut s'écrire) entre les trois hautement probables parce qu'il ne faut en mettre que deux ; les profs trouveront toujours un argument fallacieux pour justifier leurs choix, mais le résultat reste qu'une fois sur trois, you're screwed!!!

  Et une dernière chose, les zéros!!!
  Ces petites choses qui si elles ne sont pas notées te valent un zéro à la question ; de même si parfois elles sont présentes. En exemple :
- l'accord parental de soin en pédiatrie
- la surveillance des plaquettes sous héparine
- coller du gluconate de calcium pour une hyperkaliémie à un mec sous Digoxine
- oublier les béta-HCG, même à 49 ans...
  Les PMZ (pas mis zéro) comme on les appelle entre nous ça fait mal, ça te plombe un dossier ; et comme disait une conférencière d'uro : zéro à la question, au dossier, à l'ECN, à ton classement, à ta spé, ta ville et ta vie... T_T

  Voilà pour les cas cliniques, ces compagnons de route que l'on n'a pas choisis mais qui nous suivent tout au long de notre cursus, on les aime un moment, les déteste surtout la plupart de temps, et finalement on en vient à faire contre mauvaise fortune bon coeur devant leur importance cruciale. On les ingurgite, les digère, mal, puis les recrache dans d'autres cas cliniques que l'on ingurgite encore...
  C'est un cercle sans fin qui tape sur les nerfs mais ça s'arrête un jour.
  Plus que 20 semaines à en bouffer ; maintenant que je l'écris j'en ai de hauts le coeur, faut que je retourne m'en farcir quelques uns, et plus, même sans affinité...

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Commentaires
M
On est conditionné à répondre à des questions rédactionnelles avant le bac, puis on passe aux QCM en P1, aux QROC en P2 (en majorité) pour, enfin, faire table rase du passé et se lancer dans la course aux mots-clés ! <br /> <br /> <br /> <br /> C'est terrible ! Mais, je préfère ça à faire des dissert, des mémoires de 60 pages ou autres joyeusetés élaborées dans les autres filières...<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis content que la fréquence des billets augmentent légèrement :)
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