Petite leçon de médecine à l'attention des journalistes et autres boeufs!

  Ce soir j'ai failli faire un mawashi geri à ma télé tellement la présentatrice du journal de télé-merde et les journalistes en général me saoulent concernant la médecine.

  Donc voilà, maintenant tout le monde va craindre d'utiliser le Primpéran de peur d'avoir de graves séquelles neurologiques ; tout ça parce que les journalistes racontent les choses pour "faire peur" et peut-être aussi parce qu'il semble que certains médecins débarquent.

  Il faut tout d'abord savoir que le primperan, ou métoclopramide, bien connu pour ses effets anti-émétiques est aussi un neuroleptique (que l'on dit caché parce que ce n'est pas dans cette indication qu'il est utilisé habituellement).
  Et donc en temps que neuroleptique il peut avoir des effets indésirables, comme tous les médicaments, et plus particulièrement neurologiques.

  Maintenant reprenons télé-merde qui nous dit que c'est dangereux chez les enfants, genre on vient de s'en rendre compte ; le tout relayé par un médecin qui rapporte un cas au cours de sa carrière d'un enfant avec des symptômes neuro chez lequel ils ont évoqué tout un tas d'étiologies neuro avant de se rendre compte que le méchant dans l'histoire c'était le Primpéran et que du coup c'est dangereux, il faut éviter chez les enfants, et j'en passe...

  Et voilà maintenant ce qui me fait bondir et me donne des furieuses envies de hurler dans la maison que l'on est entouré d'une bande de cons :
1 - Tout le monde sait que le Primperan est un neuroleptique. N'importe quel abruti qui aura un jour lu quelque chose de sérieux sur la maladie de Parkinson en aura forcément entendu parlé puisque le syndrome extra-pyramidal aux neuroleptiques (y compris à ceux auxquels on ne penserait pas, genre au hasard, le metoclopramide) est un des principaux diagnostics différentiels.
2 - Celui qui a un jour compris que tous les livres de médecine qui s'entassent sur son étagère ne servent pas seulement à participer à la déforestation, mais peuvent aussi être ouverts et lus, sait que quand un patient arrive avec un symptôme on commence par l'interroger, et lui demander par exemple s'il a pris des médicaments. Le bon sens général, et encore plus celui de quelqu'un qui a fait médecine tendra à incriminer un médicament pour des symptômes apparus après l'introduction d'un nouveau traitement.
3 - Une prescription ça se fait de manière intelligente, en pesant l'indication de chaque traitement. Donc dire que ça ne sert à rien de prescrire du Primperan si ce n'est pas essentiel c'est enfoncer des portes ouvertes, on le sait (enfin j'espère, mais parfois j'ai quand même un doute...)!
4 - Les enfants c'est fragile, on le sait tous, donc on fait encore plus attention en prescrivant!
5 - En faisant une recherche rapide de moins de 5 minutes je suis tombé sur un article d'un journal de pédiatrie datant de la fin des années 1960 qui pointait du doigt les possibles effets secondaires du Primperan chez les enfants et les précautions à prendre, ce n'est donc pas nouveau!!!

  Donc merci messieurs les journalistes d'arrêter de faire peur aux gens en leur faisant croire que tous les enfants qui prennent du Primpéran sont en danger et qu'on n'arrivera pas à s'en rendre compte à temps pour les sauver (soit en pratique arrêter le-dit Primpéran et laisser la nature faire le reste...)!!
  Et merci aux autorités de santé de ne pas attendre 40 ans pour constater quelque chose et faire ensuite s'inquiéter tout le monde, parce que depuis le temps on s'y est habitué aux effets indésirables... Donc c'est bien de le contre-indiqué chez les enfants, mais pas au bout de plusieurs dizaines d'années, surtout quand on est au courant!
  D'ailleurs si les autorités de santé voulaient bien, au lieu de chercher le prochain médicament à interdire ou dérembourser, commencer par interdire la vente libre des AINS qui sont de véritables bombes à retardement ça me ferait très plaisir et ça rendrait service à tout le monde!!!